J’ai toujours été fasciné par l’expertise médico-légale. Enfin, pas toujours: depuis 2001 pour être plus précis, année où j’ai produit ma première expertise digne de ce nom.
J’ai oeuvré depuis dans plus d’une centaine de dossiers d’expertise, surtout en litige, mais également dans des dossiers du Collège des médecins du Québec, du bureau du coroner et même de la Cour supérieure en droit criminel, en passant par la Cour des petites créances, toujours assez colorée.
Du côté des litiges, j’ai travaillé tant du côté des médecins (alors en collaboration avec les avocats désignés par l’Association canadienne de protection médicale – ACPM) que de celui des patients, dans ce cas surtout auprès de Maître Jean-Pierre Ménard, qui fait peur à bien des médecins même si c’est vraiment un chic type qui a coeur le mieux-être des patients et l’amélioration du système de santé et de la pratique médicale.
C’est toujours un grand défi d’analyser un dossier médical problématique, de peser le pour et le contre, de demeurer neutre même si les enjeux émotifs sont majeurs, et d’évaluer de son mieux s’il y a eu faute médicale ou non, en évitant d’être influencé par autre chose que les faits objectifs. Dans les dossiers de litige, en plus de statuer sur la faute médicale, il faut tenter de déterminer si le patient a vécu des conséquences et surtout, s’il existe un lien de causalité prépondérant entre la faute et ces conséquences, ce qui est loin d’être toujours facile à démontrer.
Ces expertise demeurent une source majeure d’apprentissage pour moi, comme médecin d’abord, puisque d’analyser des erreurs et leurs causes me force à réfléchir sur ma propre pratique médicale et les risques qui lui sont associés. Mais aussi comme personne, puisque les effets humains, souvent dévastateurs, bien sûr pour le patient, mais aussi pour le médecin, sont toujours importants.
Terminer un rapport, le présenter aux avocats où aux instances professionnelles, en discuter les divers enjeux, éclairer certains aspects demeurés dans l’ombre, c’est pour moi un défi intense que je tente de relever du mieux que je peux.
Avec toujours en tête l’idée que derrière tout cela, il y a un patient, qui a souffert et en est parfois mort, et un médecin, qui n’a certainement pas souhaité commettre d’erreur, mais qui doit apprendre à faire face aux conséquences parfois intenses.