J’ai toujours été un grand fan du Nouveau théâtre expérimental (NTE).
Troupe phare du théâtre québécois, animé jadis par Jean-Pierre Ronfard et Robert Gravel, je me souviens de mes visites à Espace Libre, pour aller assister à ces créations aussi originales, stimulantes que dérangeantes.
J’ai ensuite suivi la carrière de mon ami d’enfance Alexis Martin, que j’avais perdu de vue depuis l’adolescence, avant de renouer avec lui au cours des années 1990.
Ma modeste aventure avec le NTE a toutefois commencé pour de bon ainsi:
« J’insistai sur ma propre observation, qu’Alexis semblait vouloir éluder: les acteurs mouraient mal ; mon ami devait se fier à mon argument d’autorité. Nous avons finalement convenu qu’il faudrait un jour rétablir la crédibilité biologique dans les arts de la scène. C’est ainsi qu’Alexis me proposa, au début de 2007, d’écrire à quatre mains une pièce de théâtre sur ce difficile sujet. J’ai sans doute fait semblant d’hésiter, intimidé par la proposition, mais je n’aurais pu résister longtemps à la tentation de sauter à pieds joints dans ce projet. Sacré-Cœur1, objet théâtral étrange, croisement de deux lignes de vie raboutées, celle d’un acteur et celle d’un médecin, fut patiemment tissé pendant de longs mois, pour ma part dans un enthousiasme constant. »
C’est ainsi que j’ai eu l’immense bonheur de créer avec Alexis Martin la pièce Sacré-Coeur, ce qui allait constituer pour moi une expérience hors-norme.
Dans la foulée de la pièce, l’équipe du NTE, Alexis, Daniel Brière (héritiers spirituels de Gravel et Ronfard) et Marthe Bouliane (co-directrice générale depuis une vingtaine d’années) m’a proposé de siéger sur le conseil d’administration, où après avoir découvert fasciné l’arrière-scène d’un théâtre, j’en ai vécu les défis, notamment financiers, parce les subventions sont gelées depuis longtemps et qu’il faut travailler dur pour demeurer créatif dans ce contexte difficile.
C’est néanmoins un plaisir de siéger comme vice-président sur le conseil d’administration du NTE, d’aider comme je peux pour supporter le théâtre et d’assister aux premières loges de la création de ces projets toujours un peu fous, mais qui touchent la cible à chaque fois et aident à poser les bonnes questions sur le monde et les gens qui l’animent.