En 2008, j’ai eu le grand plaisir de collaborer avec mon ami Alexis Martin, comme co-auteur, pour créer la pièce de théâtre Sacré-Coeur, qui a été jouée à guichets fermés durant deux saisons à Espace libre en plus de faire l’objet d’une tournée québécoise. En tout, la pièce a été jouée 64 fois. J’y agissais comme collaborateur à la mise en scène. Ce fut pour moi une grande expérience de vie et de création.
Je consacre d’ailleurs tout un chapitre dans mon essai Les acteurs ne savent pas mourir, dont voici un court extrait:
« Après leur avoir fourni des pistes pour mieux comprendre et ressentir la réalité de l’urgence, de ses patients et des soignants, j’ai eu en retour cette chance incroyable de vivre la plus belle leçon de théâtre qu’on puisse imaginer, d’observer de près ces solides comédiens lire, explorer, douter, chercher et finalement trouver le ton juste, puis mourir un peu, revenir et se transformer, et ainsi vivre l’urgence, les soins et la mort en plongeant dans mon univers.
J’ai appris beaucoup sur mon propre métier, sur le sens des gestes que j’accomplis chaque jour, sur ces mots étonnants de la langue médicale et sur la complicité d’équipe qui s’établit lorsque nous soignons. Tout cela agissait, au fil des jours, comme un miroir, révélateur de ma vie de médecin. En me parlant de leur métier, les comédiens avaient cette modestie curieuse, qui s’exprimait par l’expression consacrée : « On sauve pas de vies. »
J’avais beau expliquer que leur travail sauvait peut-être plus de vies qu’ils ne le pensaient et que de réaliser des gestes médicaux dans une salle d’urgence était plus facile que de les jouer sur scène, ils n’acceptaient pas la possibilité d’une équivalence. Même si Alexis m’a proposé de tenir le rôle très simple du préposé, qui manipule les civières et n’a qu’un nombre limité de répliques à donner, je n’osais absolument pas me retrouver sur scène avec lui. À chacun ses angoisses et son métier. »
Il me fait toujours plaisir d’aider mes amis du théâtre lorsqu’il s’agit de représenter la maladie, le milieu de la santé où la mort.
À l’automne 2019, j’ai eu le plaisir de collaborer avec Daniel Brière pour les aspects médicaux de la mise en scène de Knock, au TNM et en tournée, mais aussi de co-écrire un épilogue avec Alexis Martin, qui jouait le rôle titre… et même de monter sur scène dans cet épilogue, à mes risques et périls, pour jouer mon propre rôle dans cet épisode, un souvenir marquant!